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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 18:00
Il manquait une chose à Paris-Beijing, c'était une section mobilier chinois!
Non pas que je ne porte aucun intérêt au meuble chinois, bien au contraire. Mais comme vous, j'ai longtemps été noyée dans le flot d'immondices dont on nous inonde depuis une bonne décennie en Europe, aux US... de ces meubles "pseudo" chinois de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel qui parfois viennent de Roumanie, Indonésie ou Malaisie!

Une fois démêler le bon grain de l'ivraie, trouvé les belles pièces réellement authentiques et anciennes au milieu de l'océan de tout venant qui débarque par containers entiers chez nous, comment ne pas vous en faire profiter...

Introduction

La première chose à savoir sur le mobilier chinois, c'est que dans le domaine de l'ébénisterie, l'Empire du Milieu savait (au moins jusqu'en 1939) faire preuve d'un savoir (transmis de génération en génération) incroyable!
Ce savoir avec le temps s'est retrouvé relégué au passé, pas vraiment oublié (quelques artisans ici et là démontrent que les doigts d'or existent encore en Chine aujourd'hui), mais délaissé pour des techniques de travail standardisées et plus rentables.

La demande (nationale et internationale) jouant en la défaveur du bon travail, la consommation toujours grandissante des pays occidentaux à la fin du 20eme siècle en meuble dit "chinois" a éveillé des appétits financiers que l'art du ciseau à bois n'émerveille en rien.

La seconde chose à connaître est que la gourmandise des Qing en matière de belles pièces a provoqué certaines catastrophes écologiques. C'est ainsi qu'en moins de 60 ans, durant le règne de Qianlong, on est arrivé à décimer la réserve chinois en bois de Santal Pourpre ou Zitan mu (le bois le plus précieux pour le meuble chinois classique). Autant dire que des Santals Pourpres en Chine, depuis Qianlong, on n'en voit plus!
Mais pour la flore mondiale, vous serez certainement rassurés d'apprendre que le Zitan mu n'est pas originaire de Chine et se porte encore pas si mal dans mon pays d'origine, l'Inde.


Du bois pour en faire

Pour comprendre le meuble chinois traditionnel, il faut déjà comprendre la complexité des essences que l'on rencontre en Chine. Si en France on admire les meubles en chêne, en noyer, en orme, en poirier, en merisier... En Chine la conception du bois d'ébénisterie est bien différente.

Chose commune à l'Occident, tout de même, est la qualité du bois en fonction de sa dureté.
Chez nous le chêne est devenu le maître bois en ce domaine. En Chine, trois essences se battent au sommet :
-le bois de Santal Pourpre, dit Zitan mu (Pterocarpus Santalinus) obtient la première place.
On le trouve en Asie du Sud-Est et dans la Chine de l'extrême Sud (Guangdong, Guangxi, Yunnan). Jeune, son essence est rouge, mais en vieillissant il prend une teinte pourpre, marron foncé voir presque noir.
-le bois de fleur jaune de poirier, autrement traduit : bois de rose de Birmanie, vient en deuxième position.
Son nom chinois est le Huanghuali mu. Il est de la même famille de Zitan mu, bien que sa couleur diffère. Il possède une agréable teinte marron-rouge à jaune, aux veines fines et marquées.
Une variété propre à Hainan (nommée Xin Huali) exhale une suave odeur d'encens.
On recherche énormément le Huanghuali mu pour faire des panneaux dans les veines les plus belles dont les dessins évoques les démons du bestiaire chinois.
-le bois d'Acajou ou Palissandre des Indes, simplement nommé bois rouge en chinois (hong mu), a été énormément utilisé depuis le XIXe pour remplacer à moindre frais le Zitan mu devenu trop rare.
Comme les deux précédents, il pousse dans le Sud et présente des similitudes de par sa dureté mais semble plus léger.

On croise aussi quelques autres essences comme :
-le tieli mu, ou mesua ferrea, dit "bois de fer". Il s'agit d'un des bois les plus denses au monde, couleur chocolat noir, marron foncé, larges veines rouge sombre. Il ne flotte pas et au contact de l'eau semble comme saigner.
Un antiquaire m'a mise en garde qu'il existe deux qualités de "tieli mu", celui de Chine au grain fin et soyeux, et celui du Vietnam aux veines plus larges.
-le jichi mu, ou bois d'aile de poulet dont les veines évoquent les plumes des oiseaux. Un bois magnifique.
-le huai mu, bois du sophora, qui donne une teinte jaune très utilisé pour le textile.
-baishu mu ou luoshan bai mu, le bois de thuya, jaune clair au parfum agréable.


Enfin le bois le plus courant dans le mobilier vernaculaire est l'orme de Chine, d'une délicate couleur jaune dorée, il est encore de nos jours la source de 95% des meubles chinois.
Mais il faut y faire la distinction entre de l'orme du nord et l'orme du sud.
L'orme du nord (Yumu) est un bois équivalent à notre orme européen et, par chance, il n'a pas encore touché par la maladie comme en Europe et en Amérique. Il donne un bois clair et léger, d'assez bonne qualité mais en rien exceptionnel ou rare.
L'orme du Sud (Nanyu), aussi connu sous le nom de Zelkova (orme du Japon), est moins courant, plus dur et possède une couleur différente. Il n'est en fait qu'un lointain cousin de l'orme du Nord et de par son ton brun-rouge moyen il a depuis des siècles charmés les lettrés chinois, japonais et coréens. On trouve quelques belles pièces comme des tables, des chaises, fauteuils, autels ou autres coffres dans ce bois plus rare.
Malheureusement certains antiquaires vendent de telles pièces au prix du Hong mu... Attention, même s'il lui ressemble, il ne le vaut pas!

Selon les régions, le bois le plus utilisé pour le meuble populaire peut varier. Du pin à l'orme, en passant par le noyer, le catalpa, le peuplier ou le bouleau (surtout au Nord, en Mandchourie où est peint).

Enfin, ôtez vous l'idée de la tête que le Teck (Youmu en chinois) est un bois chinois. Le Teck vient de Thailand, de Birmanie ou d'Indonésie mais pas de Chine. Accessoirement on peut en trouver tout au Sud (région du Yunnan), mais il n'entre en rien dans les bois que les chinois connaissent depuis des siècles et utilisent traditionnellement pour les meubles. Une table en teck est donc vraisemblablement thaï, indonésienne, birmaine... mais certainement pas chinoise!

L'ébène (Wumu, littéralement le bois noir) fut connu des ébénistes chinois, mais utilisé uniquement comme élément décoratif sur certains meubles. Certains brocanteurs confondent ébène et vieux bois laqué... l'ébène est très lourd, il suffit de soulever le meuble pour en avoir le coeur net!


Bois laqué
Tous les meubles chinois, qu'on se le dise, sont laqués! C'est simple à retenir.
Après l'art du laque étant très varié et compliqué, je parlerai donc de laque mineur et laque majeur pour différencier les deux possibilités principales.

Le laque "majeur" consiste à prendre un meuble en bois choisit pour sa qualité de résistance à l'humidité et à la chaleur (dilatation nulle ou quasi inexistante) et non pour sa beauté. Le laque préparé est donc noir ,rouge ou brun et totalement couvrant. On y appose autant de couches que nécessaire à l'obtention d'une surface totalement plane et aussi brillante que celle d'un miroir.
Le meuble obtenu est appelé chez nous "laqué" et la matière en surface masque totalement le bois en dessous.

Le laque "mineur" consiste à déposer quelques couches de laque, teinté ou incolore, sur la surface d'un bois de qualité rare ou supérieur. Le résultat obtenu est semblable chez nous à la cire ou au vernis, le Laque protège le bois du climat asiatique extrême et des utilisations de son futur propriétaire, mais ne masque en rien les veines du bois (voir les rehausses).
Il faut souvent faire d'autant plus attention au laque déposé sur le meuble, que s'il est teinté il peut faire passer un bois supérieur pour exceptionnel.
Il fut d'ailleurs à la mode, sous les Ming, de teinter le Huanghuali mu pour qu'il ressemble à son frère le Zitan mu... Jusqu'au jour où le Huanghuali mu fut apprécié pour ses propres qualités et qu'il n'y eu plus besoin de le maquiller pour le rendre appréciable!


Bois peint

Quelques meubles de régions non-Han (pas de l'ethnie dominante en Chine) sont souvent réalisés en bois de basse qualité (peuplier, bouleau) et peints totalement.
On ne peut parler vraiment de Laque, puis que l'art du Laque se doit d'être préparer dans un climat chaud et humide constant qui n'existe pas les régions d'où viennent ces meubles.
C'est le cas des mobiliers venus du Tibet, de Mongolie Intérieure ou de Mandchourie pour la plus part.
Les décors font appel aux folklores de ces peuples et à leurs croyances. Les couleurs vivent sont souvent utilisées pour chasser les mauvais esprits, attirer le bonheur, épargner la famille de la maladie, et le fait que les meubles sont rares sous leurs toits.



Voici, certainement non sans oublie, une introduction au vaste domaine que peut-être le mobilier chinois.

Une prochaine fois il sera question du meuble en lui même, de ses formes possibles, ainsi que des styles et diverses époques que l'on peut rencontrer.


Bonnes puces et Have Fun!
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21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 22:10
Le Siheyuan (四合院) est la demeure traditionnelle du Nord de la Chine et par essence même celle de Pékin. La plus simple définition serait qu'il s'agit d'un groude de pavillons organisés autour d'une cour carrée. Seulement le Siheyuan, ce n'est pas que ça!

Jardin du Palais du Prince Gong.21

Historique d'un mode de vie en perdition :

Pendant longtemps, Pékin ne fut qu'une ville plate, aux hutong tortueuses peuplées de siheyuan. Aujourd'hui, avec l'avancée de la modernisation et l'augmentation de la population, certains Hutong sont rasés pour faire place à des tours. Pour autant, le siheyuan n'a pas encore totalement déserté la capitale...

Dans le centre historique, les vieux Hutong suivent le même chemin que ceux des périphéries : la voie du buldoser. Mais là où les choses changent, c'est qu'ils sont reconstruit... en ciment et béton!
Car ce qui fut autrefois le mode de vie de tous les pékinois devient aujourd'hui un luxe : avoir de l'espace, un petit jardin, une coure et plusieurs batiments répartis autour.

On estime l'apparition de l'architecture du Siheyuan à la fin de la dynastie des Yuan (mongoles) et début des Ming, lorsque Pékin, plaine quasiment déserte jusque là, se transforma en capitale d'Empire. Comme déjà expliqué pour les Hutong, Pékin est un lieu bien singulier pour en faire une ville, encore plus une capitale.

Située en plein milieu d'une plaine, bordée de petits montagnes à l'Ouest et au Nord, la région est désespérement sèche en hiver. Les lieux deviennent alors un cirque gigantesque pour ballet de bourraques de poussières.
Les ruelles tortueuses qui se dessinèrent n'avaient que pour but de se protéger de ces vents froids et sablonneux venus du Nord-Ouest.

Mais à la belle saison, dès le mois de mai, Pékin se retrouve envahi par la chaleur et l'humidité. Des pluies diluviennent peuvent s'abattre en quelques heures. En trois à quatres mois de pluie, Pékin reçoit autant que Paris en un an.

Pour échapper à l'étouffant été pékinois, comme pour résister au rigoureux hiver qui le précède, les maisons s'organisèrent autour d'une cour verdoyante pouvant apporter fraicheur et ombre aussi bien que protection et conservation de la chaleur. Le Siheyuan était né...


Organisation du Siheyuan :

Le siheyuan, comme normalement une grande quatité de constructions chinoises, se conforme aux règles ancestrales du Fengshui, au moins sur le papier... Il va de soit qu'entre la disposition de la maison parfaite et toutes celles qui peuplaient Pékin, il y a toujours eu de larges variations.

-Première chose, l'exposition idéale d'un Siheyuan se doit d'être Nord-Sud. Puis un mur d'enceinte cloture le groupe de batiments, isolant la famille du monde de la rue, des vents, des regards...

-La porte principale se trouve dans l'angle Sud-Est du mur d'enceinte et donne accès à une première cour, sorte de couloir, qui de l'extérieur ne permet pas de voir l'intégralité de la demeure (et deviner si son occupant est riche ou pauvre).

-Contre le mur Sud se trouvent souvent les cuisines de la maison, voir si la demeure est grande et riche, les communs pour le personnel. Au Nord de ce corridor une seconde porte est percée, donnant accès à la cour d'habitation familiale.

-Généralement derrière cette porte on rencontre un Yinbi, le mur écran cachant la vue et surtout protégeant des mauvais esprits (qui comme chacun le sait... avancent toujours tout droit!).

-Passée la porte au mur écran, on entre dans la cour proprement dite.
Autour d'une forme plus ou moins carrée, plus ou moins large et plus un moins plantée, se distribue trois batiments. Au Nord, ses ouvertures dirigées vers le Sud, il s'agit du batiment principal destiné au chef de famille. Les pavillons de côté sont quand à eux destinés aux jeunes générations où membres de classe inférieure de la famille.

Dans le cas d'une famille plus riche, il est possible que plusieurs cours se succèdent. La dernière cour restera toujours celle réservée aux membres les plus importants. Le batiment se situant à la jonction de deux cours deviendra alors une salle commune pour les réunions de famille, les repas...

Plan de la demeure de Song Qingling.


L'âme de la vie pékinoise :

Le Siheyuan, c'est l'essence même de la vie pékinoise, comme la vie des petits quartiers populaires de Paris! Au cours du 20eme siècle, le Siheyuan est souvent devenu une habitation collective, un centre d'échanges et d'entre-aide entre personnes vivants les unes à côtés des autres.

Lorsque l'on ne possède pas tous de salle de bain, de toilettes, de télévision, de réchaud pour la cuisine, on va demander aux voisins qui très vites deviennent des amis, une famille.

Pour les chinois, et les pékinois en particulier, il n'y a pas d'état d'âme à avoir de "profiter" des autres, car tout ce que l'on vous donne, c'est pour le rendre un jour ou l'autre en retour! Ce n'est pas profiter, c'est partager.
Ainsi aux époques sombres et difficiles où pour obtenir un billet de train pour aller voir sa famille dépendait de son lieu de naissance, de lieu de résidence, de son lieu de travail etc, avoir de bonnes "relations" avec une voisine dont la fille travaillait aux chemins de fer, c'était toujours utile!!

Mais la modernité, l'ouverture de la Chine et les nouvelles libertés offertent aux chinois font que l'individualisme gagne du chemin sur la générosité familiale qui existait dans de tels quartiers de petites maisons. L'avancé des buldosers et la destruction de ces vieux logements accentuent le déchirement des citadins et la séparation de voisins qui formaient autrefois une vraie famille des Hutong.
De ce fait, les rares Siheyuan encore en bon état et bien situés deviennent des résidences pour cadres politiques. Les plus beaux hutong de la capitale sont de plus en plus fréquentés par les Audi et les Mercédes mais désertés par les vélos!!


Revers de médaille :

Pour autant, n'allez pas croire que la vie dans les Siheyuan soient toujours des plus charmants et confortables.

Herritage de la révolution des classes imposée par le communisme mais aussi du manque de logements pour une population citadine en constante augmentation, ce qui fut autrefois la demeure d'une seule famille devient sub-divisé pour loger trois ou quatre familles, des grand-parents aux petits-enfants!

Combustible peu cher, la briquette de poussiers de charbon est encore le combustible le plus utilisé pour se chauffer et cuisiner, résultat extrêmement polueur.
Maisons d'un autre âge et sur-populaition font que les sanitaires ne sont pas toujours inclus dans les murs! Les salles de bain et les toilettes sont donc fournies par la municipalité dans des petits établissement publics de quartier, à la limite de l'insalubrité. L'électricité est souvent sommaire, quand plusieurs familles ne partagent pas un compteur (à carte!).
L'espace devient extrêmement réduit, limité quand ils ne vivent pas à plusieurs dans un réduit de 6 m².

Gros détail, dans les Hutong on ne trouve pas que des Siheyuan!!
Les Siheyuan sont des demeures organisées, malheureusement suites aux bombardements de la guerre et à l'avancée démographique toutes les constructions des Hutong ne sont pas de qualités, correctement pensées et même entretenues.

Venu certainement de la collectivisation de ces 60 dernières années, le manque d'entretient se trouve être souvent responsable de la nécessité de démolir (au delà de la fièvre immobilière pékinoise!). Murs humides, portes vermoulues, gonds rouillés, carreaux cassés, poutres et toits flanchards, les habitants ne sont pas les propriétaires (depuis longtemps expulsés, voir exilés à Taiwan, aux USA, à Hong Kong pour certains...), l'Etat n'entretient pas alors tout part en décrépitude.
L'absence de tout à l'égout dans certaines maisons provoquent des ruissellement le long des murs en brique, des rigoles dans les ruelles et des odeurs particulièrement délicates d'eaux croupies. Il va de soi que pour un pays, une ville, une capitale qui envisage d'accueillir les JO, il fallait gommer les points les plus choquants.


Hutong recherchés... morts!

Tout le monde le sait maintenant, les Siheyuan, et autres habitations pékinoises d'un seul étage, sont en voie de perdition de part la destruction des Hutong.
Les plus menacés et les plus beaux se situent généralement dans le centre historique de Pékin.
Comme en toute ville, le centre historique est souvent un terrain qui peut valloir très cher!
Les spéculations immobilières ont accentué la donne du courant démolisseur. Ainsi on fait souvent place nette de vieilles demeures pour reconstruire des grandes tours de verre qui abriteront bureaux, centres commerciaux hi-tech et luxueux en plein coeur de la capitale de la future plus grande puissance mondiale!
La raison de tout ça? Mais le chinois a toujours aimé l'argent, pas besoin de chercher plus loin. Après on peut aussi ajouté que les gros sous endorment facilement tous les regrets que l'on pourrait avoir.

Pour autant, tous les Hutong ne sont pas encore morts, voir même préservés!!
A grands coups de buldozers puis de ciment et béton, certains quartiers devenus véstustes et loin des normes modernes de sécurité sont démolis puis reconstruits avec les matériaux d'aujourd'hui.

Mais dans ces nouveaux quartiers au style chinois stéréotypés sur la grande rue touristique de Pékin (Liulichang), on oublie souvent de vieilles maisons d'une époque que les chinois veulent à tout pris effacée jusqu'aux derniers vestiges : la présence occidentale dans leur pays avant 1949!!
Alors les batiments aux façades françaises, italiennes, anglaises, portugaises, néo-classiques américaines et hollandaises disparaissent pour afficher l'unité idéale et formatée du style Ming.


Musées

Par chance, quelques belles demeures se visitent et ouvrent leurs merveilles aux yeux curieux!

La résidence de Song Qingling
Parmis les quelques belles demeures à visiter dans la vieille capitale, il en est une dont l'histoire de la famille qui y vêcu s'inscrivit on ne peut plus dans l'Histoire moderne de la Chine.
Les Song, originalement famille de banquiers, vit au vingtième siècle deux de ses filles embrasser des causes politiques via leur mariage.
Song Qingling fut madame Sun Yatsen, quand sa cadette Song Meiling devient madame Tchang Kai Tchek...

Les murs de ce petit palais furent aussi, avant l'instalation de Song Qingling, une partie du palais du père et grand-père de Puyi le dernier empereur.
Il en reste une demeure magnifique et des jardins envoutants!
Pour s'y rendre : 46, Houhai beiyan, Quartier Xicheng - Bus n°5 et 55.


Le palais du Prince Gong
Gongwangfu est un petit Eden au milieu d'une ville bourdonnante. Sur un espace pourtant réduit, voici pavillons et jardins successifs qui emportent les visiteurs loin de notre époque.
Malheureusement pour l'histoire, l'ancien propriétaire des lieux fut un personnage peu apprécié par le peuple, conseillé de Cixi il est souvent encore considéré responsable de la honte nationale de l'occupation occidentale sur le sol chinois de par sa place de négociateur après le sac du Palais d'été en 1860.
Pour s'y rendre : Gong Wang fu, 17 Qianhai Xijie, Quartier Xicheng - Bus n°13.


La résidence de Mei Lanfang

Peu d'occidentaux doivent connaître le grand personnage que fut Mei Lanfang, pour autant il fut une des idoles chinoises des années 20 aux années 50!
Acteur de l'Opéra de Pékin, il jouait principalement les rôles féminins, personnifiant sur scène la douceur et la délicatesse.
Il vêcu dans ce beau Siheyuan à partir de 1949 jusqu'à sa mort en 1961. Meublé dans le plus pur style classique chinois, les lieux témoignent encore du merveilleux goût artistique de cet homme aussi peintre et musicien.
Pour s'y rendre : 9, Huguosi jie, Quartier Xicheng - Bus n°22, 55 et 107.


Hotels

Alors, dans cette fièvre hutonguienne, depuis quelques années les Siheyuan refleurissent aussi... en Hotels de charmes pour occidentaux lassés par les grands hotels internationaux.
Dans cet esprits, je vous conseille deux adresses renommées :

Le Bamboo Garden (Zhuyuan) Hotel Resort, au 24 Xiaoshiqiao Hutong, Quartier Xicheng, Beijing (tel :0086 64032229), est l'ancien palais d'un officier de la dynastie Qing. Situé en plein milieu d'un quartier de Hutong préservé et non loin du lac Houhai.

Le Lüsong yuan Hotel, au 22 Banchang Hutong, Quartier Dongcheng (tel :0086 64040436), est aussi une vaste demeure familiale. L'hotel est de classe supérieure au Bamboo Garden, les prix aussi. Il se situe au Nord-Est du parc Beihai et idéalement placé au calme dans une ruelle en plein coeur de la vieille ville.


Bonne promenade et Have fun!!

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18 avril 2008 5 18 /04 /avril /2008 11:00
Voici le deuxième style d'architecture des pagodes très commun en Chine, certainement celui que je connais le mieux! ^__-
La pagode multi-avant-toits ressemble beaucoup à sa soeur la pagode multi-étages. Elles sont généralement les même dimensions, toutes en hauteur.

La différence s'opère, vous l'aurez compris, au niveau des "étages". Si la pagode multi-étages présente bien des étages différenciés avec avant-toits et fenêtres, la pagode multi-avant-toits possède une accumulation de très nombreux avant-toits, sans marquage précis entre les étages.

Pagode du temple Cishou, quartier Haidian, Pékin, octobre 2005.

Carectéristiques générales de la pagode multi-avant-toits :


1- Un rez-de-chaussée proportionnellement très grand.

2- A partir du deuxième niveau, on note l'absence d'éléments du style pavillon : fenêtres, piliers...
Les plus anciens spécimens présentent parfois quelques petites fenêtres ou bouches d'aération, mais qui ne correspondent en aucun cas à un véridique étage interne.

3- La majeur partie sont pleines et on ne peut monter à l'intérieur.
Quelques rares modèles (époque Song) présentent parfois un petit escalier de service : petite pagode de l'oie sauvage de Xi'an (Shaanxi) et la pagode du temple Songyue à Dengfeng (Shaanxi) .

4- Le Rez-de-chaussée marque la partie principale de l'ouvrage. Tout y est concentré, contenu religieux comme architectural : statues, reliefs, niches, fenêtres et portes, piliers...
Avec le développement de ce type de construction, le décor devient de plus en plus compliqué. L'âge est l'époque Liao et Kin.

5- Les avant-toits se succèdent de manière si rapprochée qu'on ne peut distinguer d'étage...

Le plan général de la pagode est très souvent hexagonal ou octogonal, mais les premiers exemples d'époque Tang présentent généralement une forme carrée. A l'époque Liao cette base carrée devint rare, quelques cas subsistent au Liaoning (Nord-Est de la Chine).

Avant-toits rapprochés de la pagode du temple Cishou, Pékin.

Les origines :

La pagode multi-avant-toit est une fille directe de la pagode multi-étages. Née vers l'époque des Sui ou des Tang, son premier matériau fut probable la brique, voir la pierre.
Sobre, car la brique et la pierre n'offraient pas de grandes possibilités, on les construisait en couches successives, avançant à chaque étage un peu plus vers l'extérieur. La résistance d'une telle construction n'étant pas éternelle (voir le contraire... un chateau de carte supporterait mieux le vent!), pousser les avant-toits très loin se révèla impossible.

Les premières pagodes, telles la petite pagode de l'Oie Sauvage à Xi'an ou la pagode Qianxun de Dali, ne présentent aucun élément issu de l'architecture du bois, comme chevrons et consoles, sur leurs avant-toits. Elles se caractèrisent par plusieurs avant-toits courts, agréementés de portes voutées. Le tout reste conforme aux principes de la mécanique des matériaux utilisés.


La grande époque de la pagode à multi-avant-toits fut sous la dynastie étrangère des Liao, répendant son style bien particulier à travers la Chine du Nord et du Nord-Est (zone originaire des Liao --> Mandchourie).

De grands changements s'opérèrent :
-D'une structure vide (comme les pagodes d'époque Tang), on passa à une structure pleine, renforçant la stabilité de l'édifice mais en interdisant tout accès interne.
-Le large socle "Suméru" apparu, on le décora de magnifiques sculptures de Bouddha, bodhisattvas, apsaras, animaux fabuleux...
-Les murs du rez-de-chaussée de couvrirent de niches, statues et fresques. Les fenêtres aux lourds volets de pierre, les consoles, colonnes, poutres et chevrons se dessinèrent dans la brique ou la pierre.
-Enfin, apparu l'imitation des toitures bois dès le second niveau, les tuiles vernissées permettant ainsi un meilleur écoulement des eaux de pluie.

Ce style est l'un des sommets atteints dans l'architecture des pagodes. Si les Liao ne régnèrent que de 907 à 1125 de notre ère, le style Liao des pagodes à avant-toits perdura et continua de fleurir le nord de la Chine sous les dynasties Ming et Qing.


Quelques exemples :

La plus ancienne des pagodes de Pékin est celle du temple Tianning, dans le quartier de Xuanwu, au Sud-Ouest de Tian'anmen, petit bijou de la dynastie Liao culminant à 57,8 mètres.

La pagode du temple Cishou à Pékin, fleuront de l'architecture des pagodes à multi-avant-toits, fut construite sous les Ming dans le style Liao.


Bientôt la suite avec les pagodes de style pavillon.
Have Fun!
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9 avril 2008 3 09 /04 /avril /2008 18:00
Après l'introduction, je vous propose aujourd'hui d'entrer dans le détail de l'architecture religieuse propre aux pagodes.

Détail d'une des pagodes jumelles du temple Yongzuo, Taiyuan, Shanxi, Chine 1993.

1 - La pagode multi-étages

Pagodes muti-avant-toits et pagodes multi-étages sont souvent l'idée que l'on se fait de la pagode chinoise par essence. En suivant l'ordre de classification des styles de pagodes préalablement établi, je vous propose de commencer par la pagode à Multi-étages.
Qu'importe sa structure (bois, pierre, brique...) et son plan de base (carrée, octogonale, hexagonale...), la pagode multi-étage se différencie de la pagode multi-avant-toits par le fait que chaque étage est clairement différencier par des fenêtres et non pas uniquement par des toitures.

Cette forme est probable la plus ancienne des formes "cinisées" des pagodes. Elle est issue de la conception de base d'un batiment dans l'architecture chinoise traditionnelle et cristalise les habitudes des artisants en empilants les étages identiques les uns sur les autres.
C'est aussi le style le plus courant encore aujourd'hui en Chine, donc le mieux conservé à travers les siècles. Pour autant, selon les époques les plans ont énormément variés, de même que les techniques.


Les caractèristiques :

1- La hauteur de chaque étage rappel toute autre construction à multi-étage ordinaires.
2- Chaque étage présente portes, fenêtres, colonnes, architraves, consoles (dougong)...
3- L'intérieur sert de "temple" et on peut monter aux étages supérieurs avec un escalier.
4-Généralement autant d'étages intérieurs qu'extérieurs (à la différences des pagodes multi-avant-toits où l'on peut entrer...)
Mais comme les règles sont toujours confirmées par des exceptions, ces caractèristiques varient selon les modèles...


Historique :

Selon les sources historiques et les recherches archéologiques, la base des premières pagodes, sous la dysnastie des Han de l'Ouest, était carrée. C'était ce que connaissaient déjà les chinois d'alors, en matière d'architecture défensive par exemple.
Les annales des Han rapportent que le Temple Yongning de Luoyang possèdait une pagode de 90 Zhang (pas loin de 300 m) que l'on pouvait voir à 50 km à la ronde...
A l'époque des Royaumes Combattants, on sait que la pagode du temple Futu de Xuzhou était d'un type très similaire par d'autres sources écrites. Malheureusement, à cette époque les pagodes étaient de bois, le matériaux le plus maléable pour construire d'aussi hautes tours. Et le bois ne ressiste guère au feu, tempête et dévastations de l'Histoire. La dite Histoire (de Chine) ne fut pas toujours très favorable à une religion importée comme le bouddhisme.

En même temps que le bois, on pensa à la pierre mais aussi à la terre battue. Malheureusement les aventures techniques des débuts furent rarement des réussites. Les pagodes faites de terre battue (pisé) s'écroulèrent avec le temps, et celles en pierre ne tinrent guère mieux. La raison? On ne pensait pas à construire de façon conique (ou pyramidale...), on se contentait d'empiler... Tout enfant le découvre de lui-même avec ses jouets, passé un certain poids, une certaine hauteur, ça ne tient plus!

Avançant au fur et à mesure des pagodes qui s'écroulaient ou de celles qui restaient debout, les maîtres d'oeuvres chinois découvrirent finalement comment copier le bois (qui est rare et cher!) avec de la brique... La pagode des temps modernes était née!


Voici quelques exemples sélectionnés et ordonnés chronologiquement :


La pagode du temple Fogong :
La plus ancienne pagode en bois de style multi-étage qui existe encore en Chine aujourd'hui est celle du district de Yingxian, près de Datong, aux confins du Shanxi. Consacrée au Bouddha historique Sakyamuni, elle se situe dans le temple Fogong. Construite à l'époque de la dynastie étrangère Liao en 1056, il fallu pas moins de 140 ans pour l'achever!
La pagode s'élève à seulement 67,31 mètres de haut, pour une base de 30, 27 mètres au maximum de l'avant-toit du rez de chaussée. De base octogonale, elle s'élève sur un soubassement carré en pierre de 4 mètres de haut pour presque 35 mètres de côté.
Edifiée presque scientifiquement, cette merveille des temps anciens a résisté à plus d'un séisme, aux tirs chinois et japonais pendant les seigneurs de la guerre, la guerre sino-japonaise puis finalement pendant la guerre civile.Si extérieurement vous lui donné seulement 5 étages, la réalité est toute autre! Et la raison de sa survie est là!
9 étages! La pagode fait en réalité 9 étages, dont 4 sont dissimulés dans les 4 premiers apparants, renforçant son assise. De plus la technique de construction sur colonnes et dougong (expliquée dans l'architecture chinoise) permet de "secouer" les structures sans qu'elles ne s'effondrent.

Mais elle n'aurait pu resister avec cela à la foudre. Le miracle se trouve confirmé avec le premier paratonnerre de l'histoire! Un épi (flèche au sommet de toute pagode) constitué de 5 cercle de fer concentriques, des étages tous cerclés de métal conducteur jusqu'au sol... Les chinois avaient trouvé de façon empirique le paratonnerre avant Benjamin Franklin semble-t-il.

Depuis 1961 elle est sous la protection directe de l'Etat chinois et figure au patrimoine mondial de l'Humanité depuis 1996.
Lors de recherches sur la stabilité de l'ouvrage en 1974, les chercheurs chinois ont mis à jour une cache contenant un grand nombre de canons bouddhiques, certains mesurent jusqu'à 30 mètres de long (rouleaux). Ils datent des années 990 à 1071 et sont parmis les plus anciens et les plus rares trouvés dans le monde bouddhiste jusqu'alors!

La pagode a fêté son 950eme anniversaire en 2006.


La grande pagode de l'oie sauvage à Xi'an :
Cette petite merveille se trouve aujourd'hui au sud de Xi'an (Shaanxi) et se situait dans l'antique Chang'an (Longue paix), capitale de l'Empire Tang. Elle se dresse de tous ses 64 mètres dans le temple Xingjiao et figurait dans l'enceinte du temple Ci'en autrefois.
Malheureusement il ne reste que la pagode de cette époque. Le vieux temple actuellement à ses pieds (au nord) fut construit plus tard, à la mémoire du moine Xuanzang. Depuis 1994, une réplique probable de ce que fut le temple Ci'en sous les Tang a été relevé au sud de la Pagode.
Un premier édifice en briques et terre damée fut construit en 652 par Xuanzang, célèbre moine chinois ayant rapporté d'Inde des copies des sutras. Mais la construction de mauvais qualité s'écroula très rapidement.
Sous le règne de l'impératrice Wu Zetian, pendant l'ère Chang'an (701-704), cette femme auto-proclammée "Fils du Ciel" ordonna la démolition de l'édifice écroulé et sa reconstruction. C'est de cette époque que date la pagode que l'on admire aujourd'hui.
On trouva plus judicieux de réduire progressivement (en cone) chaque étage de la pagode pour lui donner une meilleure stabilité. Son plan carré et sa forme élégante sont la signature caractèristique de l'époque Tang.
Le revêtement actuel de briques fut appliqué sous les Ming, comme restauration.

Du haut du 7eme étage, accessible par un escalier de bois, on peut admirer la vue sur Xi'an et sa banlieue sud... pourvu qu'aujourd'hui le temps ne soit pas gris!


Les pagodes jumelles Wenxuan du temple Yongzuo :
Situées à Haocun, dans la banlieue Sud-Est de Taiyuan, au Shanxi, elles furent construites sous le règne de l'empereur Wanli des Ming (1573-1619). Elles mesurent toutes deux 54,7 mètres de haut, de plan octogonal, elles présentent 13 étages extérieurs comme intérieurs. Un escalier en colimaçon permet de monter au sommet et d'admirer la vue sur Taiyuan.

Totalement faites de briques, les dougong (consoles) et chevrons habituellement en bois sont en briques sculptées et vernissées. Plus décoratives que religieuses, elles forme un parfait exemple de l'utilisation potentielle des pagodes comme élèment esthétique d'un temple ou d'un paysage.


La pagode Sarira Shengsheng du monastère Jinci :
Tout près de Taiyuan, au Shanxi, dans l'actuel temple Jinci, on peut admirer cette petite merveille de 38 mètres de haut.
A l'origine construite à la fin de la dynastie des Sui (581-618)et restaurée sous les Song, elle fut totalement reconstruite sous le règne de Qianlong de la dynastie Qing en 1751.
A cette époque, lors des travaux, on découvrit un coffret en pierre enterré sous l'antique pagode contenant un "sarira". La relique à l'intérieur était un second coffret, en argent. Quand on ouvrit le coffret d'argent, on en trouva un troisième, en or... qui cette fois contenait les sarira.
Le nom chinois de la pagode, Shengsheng, vient du fait que selon le Bouddhisme les sarira vont toujours en s'enrichissant. Ce qui n'était peut-être pas si précieux autrefois, le sera encore plus demain... C'est ainsi une richesse éternel! Or le mot "shengsheng" signifie "éternel" en chinois...

Le plan de la pagode est octogonal. Totalement construite de briques, comme les pagodes du temple Yongzuo, ses 7 toitures vernissées brillent de tous leurs feux au soleil.


La pagode Sarira de la Résidence Impériale d'été à Chengde :
Cette pagode, haute de 70 mètres, fut construite dans le cadre de la Résidence "pour fuir la chaleur" en tant qu'élèment décoratif, en 1751, même année que la pagode Shengsheng de Taiyuan.

De structure octogonale, elle contient 9 étages. Sa base, démeusurément grande, est sculptée de bas-reliefs.
L'enceinte du petit temple qui l'entourait autrefois tombe malheureusement en ruines aujourd'hui...

La vue sur Chengde, la rivière Wulie et les montagnes environnantes est magnifique du haut de la pagode! Cela confirme qu'elle fut plus édifiée pour contempler le paysage que pour complaire au Bouddha, bien que Qianlong fut très bouddhiste.







La prochaine partie concernera les pagodes à multi-avant-toits, comme les pagodes des temples Tianning et Cishou à Pékin par exemple.


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5 avril 2008 6 05 /04 /avril /2008 15:44
L'architecture chinoise vous semble peut-être très figée, avec une évolution de styles bien peu marquée, comparée à l'architecture française ou européenne. Je vais vous démontrer qu'il n'en est rien et que ce que nous appelons chinois vient pour beaucoup de choses d'une influance étrangère.

C'est le cas de ce qui pour vous tous définit par excellence l'architecture chinoise : la pagode!

Pagodes en bois à multi-étages, constructions "modernes", à Guilin au Guangxi.

Introduction

La pagode, au départ, est un monument bouddhiste. Ce monument se trouve donc principalement dans un temple, mais aujourd'hui il arrive que le temple n'est pas survêcu au temps, alors que la pagode soit toujours debout... C'est le cas d'un bon nombre des pagodes de Pékin par exemple.

La pagode, tout comme le bouddhisme, vient de l'Inde. Importée en Chine vers le début de notre ère, son plus vieux spécimen connu dans l'Empire du Milieu fut semble-t-il la pagode construite au temple du Cheval Blanc (白马寺 Baima Si) dans la périphérie de Luoyang, alors capitale de l'Empire chinois des Han de l'Est.


Etymologie :
Le mot "pagode" viendrait du sanskrit, transmis aux langues européennes via la présence portugaise en Inde. L'autre mot aussi utilisé est "stupa", venu aussi du sanskrit. Dans le deux cas, il évoque une tombe. Au départ les stupas servaient à concerver les reliques de Sakyamuni, le Bouddha historique.
La légende veut qu'après l'incinération de son corps, ses diciples découvrir dans les cendres du buchet ses restes cristallisés. Ils furent baptisés "sarira", ce que l'on peut aussi traduire par reliques bouddhiques. Les disciples les recueillirent et les conservèrent avec dévotion...


L'arrivée du Bouddhisme en Chine :
Selon la légende, l'arrivée du bouddhisme en Chine remonte au règne de l'empereur Mingdi (58-75 de notre ère). Dans un rêve, le fils du ciel vit un homme en or, d'au moins trois mètres de haut, survoler son palais de Luoyang. Le lendemain, au conseil des ministres, il leur demanda d'interpréter son rêve. Le plus intelligent, un certain Fu Yi, fit le recoupement avec le Dieu d'or nommé Bouddha que certains peuples vénéraient à l'Ouest.
L'empereur dépêcha donc trois de ses mandarins en ambassadeurs en Inde. Sur place ils rencontrèrent deux grands maîtres (connus en Chine sous les noms de Niemoteng et Zhufalan) bouddhistes qui leurs offrir des sutra et une statue du Bouddha. Mais les émissaires invitèrent les deux maîtres à venir en Chine enseigner leur foi.
Enfin pour leur faire honneur, l'empereur Mingdi leur fit construire un temple tout près de sa capitale... La légende dit encore que le temple fut érigé exactement là où le fier destrier blanc qui portait les sutra s'arrêta, ce qui donna son nom au temple.

Ce temple existe toujours dans la banlieue Est de Luoyang, mais les batiments que l'on peut admirer datent, pour les plus anciens, de la dynastie Jin...


Sinisation du terme Pagode :
Le mot chinois qui définit la "pagode" mis un certain temps à être fixé. Pour vous expliquer, l'architecture chinois ne possèdait alors aucun monument aussi élevé, imposant, important... Rien n'existait en réalité et dans la langue pour appeler une telle chose, il fallut donc créer un caractère spécialement pour définir cet édifice.

Dans un premier temps, on chercha à traduire le mot sanskrit et on obtint plus d'une vingtaine de versions possibles! Les plus couramment utilisées furent "fotu" et "futu" qui décrivaient la doctrine bouddhiste que ses maîtres... Le nom se propagea donc à l'édifice en hauteur qu'ils fréquentaient.

La traduction des sutra du sanskrit au chinois fut réalisé réellement qu'entre le 5eme et 6eme siècle de notre ère, sous la dynastie Jin puis celles du Sud et du Nord. C'est à Ge Hong, l'auteur du Ziyuan (essai sur les caractères chinois) et contemporain de la dynastie  des Jin de l'Est (317-420), que l'on du l'invention du mot chinois qui de nos jours encore donne son nom aux pagodes : Ta 塔.

Ta 塔, c'est aussi la transcription de Bouddha en chinois. La "clé" située à gauche du caractère évoque le sol, la terre (土) et laisse supposer le sens de "tombe". Ce terme convient donc bien mieux, puisqu'une pagode renferme des reliques...


La Pagode venue d'Inde :
En Inde, on rencontrait alors deux sortes de pagodes. Celles nommées "stupa" servaient en général de tombes pour les reliques bouddhiques, ou sarira. Quant à celles que l'on califiait de temple ou appelées "Caitya" (mot sanskrit), elles faisaient office de mausolée, le plus souvent vides. Dès leur introduction en Chine, les pagodes à reliques et les pagodes mausolées évoluèrent très rapidement, de manière à ce que leur style se sinise et s'intègre à la culture traditionnelle chinoise.


L'usage détourné des pagodes :
La pagode a pour usage, maintenant vous le savez, de conserver des reliques bouddhiques ou de commémorer la mémoire d'un saint homme bouddhiste.
Mais tout au long des deux millénaires de sa présence en Chine, nombreuses furent les utilisations détournées. De ce fait les stèles (installées toujours aux côtés d'un monument au moment de sa construction ou de sa réfaction en Chine) et les récits historiques nous rapportent 5 usages non-bouddhistes.
 
Le premier est issu de l'amour des chinois pour la nature et les paysages (shanshui), de cette mode qui s'instaura chez les lettrés des Tang et des Song de monter en hauteur pour admirer la vue... Quelques poèmes de Li Po et Meng Hao-ran comme "Au pavillon de la Grue Jaune".

Avant l'arrivée de la pagode en Chine, les batiments haut existaient... il s'agissait de palais (maisons de personnes importantes) et les tours de guet. Seulement ces deux cas n'étaient pas aussi hauts que les pagodes pouvaient l'être. C'est ainsi que la pagode de Dingzhou, au Hebei, devint un point d'observation militaire sous couvert d'être officiellement un lieu religieux.

Autre cas, les pagodes en tant que point élevé et repérable servirent de repères à la navigation fluviale et maritime. La construction des pagodes à l'entrée des ports ou sur le bord des fleuves avaient ainsi le double effet de protéger les marins en attirant les bénédictions célestes et le regard des hommes.

L'avant dernier détournement fut et est encore l'un des plus courants... Dans les parcs et jardins, jusqu'en Occident, les pagodes eurent souvent un but décoratif. De plus certaines pagodes sont devenues à travers les siècles des emblèmes de leur ville, district, province... C'est le cas de la pagode de la Grande Oie Sauvage de Xi'an ou bien de celle en bois de Yingxian tout près de Datong au Shanxi.

Enfin, le dernier usage quelque peu non-bouddhique est rare mais bien réel, et peut être rencontré à Pékin entre autre. Certaines pagodes furent érigées dans le cadre du taoïsme. Etrange mais pourtant logique, puisqu'il s'agit de  monuments funéraires construits à la mémoire d'un saint homme.
L'architecture bouddhisme fut assez facilement transplanté à celle taoiste, sans grande variation. A l'heure actuelle, la seule que je connaisse se trouve à Pékin dans le temple taoiste des nuages blancs (Baiyunguan).


Les différents styles de la Pagode chinoise :
Au travers des siècles et des nombreuses constructions, en brique, en bois ou en pierre, la Pagode chinoise a changée de son modèle indien.
Classer les pagodes en style ne fut pas une chose aisée pour les sinologues modernes, de part les plans de construction très divers que l'on peut croiser (carrés, circulaire, hexagonaux, octogonaux ou dodécagonaux), les hauteurs variées (un, trois, cinq, sept, neuf... de quelques centimètres à des dizaines de mètres!) ou les matériaux utilisés (bois, brique, pierre, bor, argent, fer, bronze, fonte ou céramique vernissée...).

La classification officielle (de Luo Zhewen) se fait selon leur plastique et la forme structurelle où l'on compte actuellement 9 sortes, mais la variété de 2 millénaires de construction fait qu'il est toujours difficile de tout faire entrer dans les tiroirs et qu'il en existe encore d'autres, les inclassables!

Les styles principaux sont :
-Pagodes à multi-étages
-Pagodes à multi-avant-toits
-Pagodes pavillons
-Pagodes ornementales
-Pagodes lamaïstes ou dites en forme de "bol" retourné
-Pagodes sur pont ou sur portique (enjambant des passages, des rues)
-Pagodes boîtes (pour sutra)
-Pagodes inclassables
-Forêts de stupas


Voila pour une première partie, je vous laisse le temps de respirer et comprendre tout cela. La prochaine fois il va de soit que je vous parlerai des styles de pagodes dans le détail pour mieux vous faire comprendre les variations, accompagnés de quelques illustrations venues de mes photos ^__-


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11 septembre 2007 2 11 /09 /septembre /2007 10:47

Il y a une chose que j'aime dans l'art chinois, c'est l'architecture... C'est aussi un fait qui se généralise au reste du monde, j'aime les vieilles vielles et les  grosses poutres, un vieux de tas de tuiles branlant  m'atirre  plus qu'une vieille croute dans un musée.

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Pour vous parler de l'architecture chinoise, je pourrais commencer par les soubassements, vous parler d'Anyang, vous barber avec les tertres en terre dammée d'il y a plus de 5000 ans de ça.
Mais voila, ça serait certainement chiant et selon moi, ce n'est pas le plus important dans l'architecture chinoise, croyez moi... Non, l'important, le principal c'est son toit! Car le toit est le responsable de tout le reste... Je vous explique!

Vous, en qualité d'occidentaux, vivant dans des villes, villages, d'Europe ou d'Amérique, peuplés de maisons à toit en V inversé, plus ou moins pentus, ce qui vous fascinent souvent le plus en Asie, n'est-ce pas ces toits incurvés, élancés, magestueux et magnifiques?

D'ailleurs,  pourquoi sont-ils incurvés? Le savez-vous?

Certains vous répondront que c'était pour résister aux tremblements de terre. Mouais... je ne suis pas convaincue! (L'Egypte, la Grêce, l'Italie, la Turquie... eux aussi subissent des tremblement terre depuis plus de 4000 ans, ils ont pourtant pas fait des toits qui remontent!! Imaginez un peu la tête de l'Acropole autrement!)
Pour le Japon, ceci s'expliquerait cela (hors les plus fortes courburent sont en Chine du Sud), pour la Corée... humm... Mais pour la Chine , non! L'explication n'est pas suffisante.

Une autre explication, un peu plus logique, dit que le bord du toit chinois est à l'origine long et espacé de l'entrée pour chasser l'eau des fortes pluies d'été et permettre une meilleure circulation de l'air. Cela est certainement vrai!
Mais le soucis d'un tel toit, est qu'il limite l'entrée de la lumière à l'intérieur. Ainsi, on eut l'idée de relever le bord du toit...
Le bord? Mais... n'est ce pas l'angle surtout qui remonte? Tiens, ça ne tient pas beaucoup plus la route alors...

Dites vous que la première fois dut être, comme en beaucoup d'autres domaines, une erreur! Comment l'expliquer autrement?
Ou bien un architecte, passant devans un vieux batiment aux traverses et chevrons flanchards, fut séduit par ce style incurvé que prenait le toit, donnant plus de légèreté au batiment?
Possible, mais la première possibilité me séduit bien plus... Avec la ferme de comble chinoise, un toit qui flanche se n'est pas très logique (ou alors le bois est vraiment pourri! N'entrez pas!). Mais vous comprendrez plus tard...

Il faut dire aussi qu'en Chine, les batiments sont rarement à étages (l'art militaire ou les pagodes formant les quelques exceptions). La première raison est due à la structure de l'architecture.
Comme les grecs, les  anciens chinois ne connaissaient pas le mur porteur.
Tout tient sur des poutres, posées sur des pierres, elles-même enfoncées dans un sol dammé, avec un intervale régulier (qu'on appelle module en architecture) qui ne cessera de changer en fonction des époques et des styles en Chine (contrairement aux grecs et aux romains).
Les plus anciennes fondations que l'on possède en Chine montrent toujours des batiments rectangulaires, dont on a retrouvé la plus part du temps que les trous de poteaux (Anyang, la capitale des Shang).
Or une telle construction en équilibre ne peut, sur une grande largeur, tenir durablement sur plusieurs étages de hauteur... Encore aujourd'hui, les maisons de style traditionnel en Chine, ou au Japon, ne dépassent pas deux étages.

L'autre explication, au-delà de l'aspect technique, est l'interdiction de construire en hauteur... Interdiction impériale. Pourquoi cela? Parce que personne ne pouvait être plus haut que l'empereur, à part un dieux (donc un temple, une pagode). La plus part des maisons de la Chine ancienne n'avaient donc qu'un rez de chaussée. En ville, on trouvait, comme aujourd'hui les vieilles maisons de Luilichang à Pékin, des maisons avec un étage supérieur, c'était des maisons de commerçants, d'artisants... La boutique était au niveau de la rue et la famille vivait au dessus.

Pour revenir au toit, avec cette double obligation de ne pouvoir monter très haut, les bâtiments se devaient donc d'avoir une certaine largeur. Trapus d'apparance, ils étaient tout sauf élégants... C'est sans contexte de là que découle l'idée, progressive, d'incurver le toit. Idée qui partit probablement de Chine pour gagner, avec les divers courants d'influances religieuses et culturelles, la Corée et le Japon. L'un de ces courants porteurs, nous le savons bien, pour le Japon fut le bouddhisme. Venu de Corée (du royaume de Silla), il s'installa avec l'art architectural coréen... fortement influancé par la Chine, qui avait alors dominé une partie de la Corée, deux siècles durant, et possèdait toujours une certaine influance sur le nord, le Koguryo, mais était aussi l'alliée du Silla (oui, je sais, c'est compliqué dès qu'on parle politique! ^__^ ).

Progressivement, depuis l'époque des Royaumes Combattants (dès 600 avant JC), jusqu'à la dernière dynastie, le style architectural chinois se construit. Certaines choses ne bougeront quasiment pas en quelques 2600 ans, d'autres évoluront surtout dans le style ornemental. On peut ainsi comprendre qu'on appelait autrefois la Chine : l'Empire Immobile.
Mais ne vous y trompez pas, chaque chose est venue à son heure et l'architecture des Royaumes Combattants n'avait certainement pas la finesse de celle de Ming.

detail-consoles-en-encorbeillement-mosquee-de-xian.jpg
1- La composition structurelle du toit chinois :

Commençons par ce qui porte la toiture...
Pour porter convenablement les lourdes tuiles canales chinoises, il faut un nombre incalculable de pièces de bois.
Dès l'époque des Han, seconde dynastie impériale (206 av-220 après JC), tout ce qui constitue le toit chinois est présent, on en est certain.

a- La structure de base :

Tout d'abord les colonnes qui soutiennent le toit, et toute la structure du batiment, deviennent de plus en plus épaisses au fil du temps. Leur espacement varie selon les époques, par exemple sous les Tang, l'espacement entre deux colonnes est égal à leur hauteur, formant un espace parfaitement carré entre elles. C'est ce qu'on appelle l'élégance Tang.
L'idée du mur porteur est inconnue de la Chine ancienne, on meuble l'espace entre les colonnes par un torchi ou pizé pour les maisons les plus humbles, des briques de terre grisâtre pour les plus riches.


b- La ferme de comble :
ferme-de-comble-et-console.jpg

Au dessus des colonnes, des poutres dites traverses, progressivement de plus en plus petites, forment un rectangle qui se rétrécit. C'est elles qui portent les chevrons, et elles forment la ferme de comble.
C'est une méthode totalement différente de notre méthode occidentale, ou notre ferme de comble est triangulaire et verticale, suportant la charge du toit posé sur les pannes (longues poutres transversales portant les chevrons de nos toits occidentaux à deux pentes). La ferme de combre chinoise est donc horizontale, constituée d'un empilement de traverses de plus en plus courtes pour l'inclinement du toit, s'emboitant dans la précédente et supportant la suivante.


c- L'incurvation :

dougong.gifMais la forme incurvée du bord du toit est due à autre chose que la ferme de comble. C'est l'art des consoles.
Non, rien à voir avec votre console de salon, le système dit "dougong" ( 斗拱, système des consoles en chinois) désigne  l'ensemble technique et mécanique tenant le bord du toit en équilibre.
Sur un "bras de console", longue rangée de consoles les unes sur les autres, repose l'extrémité du toit, c'est le systême d'appuis du "dougong".
L'encorbeillement désigne l'ensemble des bras de consoles qui relèvent tout le bord du toit. Selon les époques le système est devenu de plus en plus complexe, les bras se multipliants et les toits se relevant de plus en plus.


dougong.jpgOn pense que le "dougong" n'apparait vraiment que sous les Tang, grande dynastie batisseuse du centre-nord de la Chine. Puis sous les Song, quelques siècles plus tard, le système se perfectionne et ose des courbes de plus en plus fortes. Il serait probable que l'influance des courbes des batiments Song soit du à l'arrivée à la Capitale d'un architecte du Sud de l'Empire, originaire de Hangzhou, ou au départ de la coure pour leur capitale du Sud, Hangzhou...
Toujours aujourd'hui, les toits les plus incurvés de Chine se trouvent au sud du Chang Jiang, celui qu'on appelle fleuve bleu en Occident. Hangzhou est encore de nos jours la capitale, avec Suzhou , de la magnificence de l'art batisseur des chinois.

2 - La couverture du toit :
  
Comme je l'ai discrètement glissé plus haut, les chevrons du toit chinois reposent directement sur la ferme de comble. Par dessus les chevrons, comme en Occident, les chinois posent des voliges pour supporter les tuiles.
Mais là où, encore une fois, la technique change, c'est que les voliges, bien présentes, ne portent pas les tuiles directement!
Non, "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?" devaint se demander les architectes chinois. Alors ils ont eu la sublime idée de rajouter de l'argile, en couches séparées, par dessus les voliges pour assurer l'étanchéité du toit.
Par dessus les couches d'argile, de fins bardeaux sont ajoutés... qui porteront enfin les tuiles.

a- Les tuiles chinoises :

baiyunguan-tuiles-motif-fleur.jpgdetail-de-tuile-de-bord-xian-temple-de-la-pagode-de-la-grande-oie.jpgbaiyunguan-autre-motif-tuile.jpg

Les tuiles chinoises sont faites en terre grisâtre, la même que les briques, souvent peu cuites. Elles sont de forme demi-canal pour assurer la bonne conduite des fortes pluies.
On les dispose ainsi :
Du faît au bord inférieur, elles sont posées en rangées, formant des goutières verticales. A la jonction de deux rangées, on en dispose une troisième inversée, sa partie convexe vers le ciel, enjambant les deux rangées. Cela permet d'éviter les infiltrations d'eau.
Bien entendu, les tuiles vernissées existent, elles sont réservées aux bâtiments officiels comme les palais, les temples ou les hauts lieux de l'administration. On trouve trois couleurs possibles.
Les tuiles jaunes sont pour les palais de l'empereur uniquement. Le jaune fut pendant plus de 2000 ans interdit à tout autre que le fils du ciel.
Les tuiles bleues évoquent le ciel, le temple du Ciel à Pékin est un exemple.
Enfin, les tuiles vertes sont pour les autres usages, temples, monastères, pagodes, palais princiers et bâtiments administratifs importants.

Pour finir le bord du toit et protéger les chevrons, des tuiles spéciales sont protuites avec un bout. Ce dernier possède souvent un motif ou un caractère. Cette tuile est tenue au chevron par un clou spécial à chapeau.
Il est courant que ce chapeau de céramique soit orné d'une tête de chimère pour les bâtiments importants.

b- La production des tuiles :

L'arrivée des tuiles vernissées est assez récente dans l'Histoire de Chine. On la situe sous la dynastie Tang, au Veme siècle, avec une influance venue d'Occident.

Sa manufacture alors est instalée dans la ville de Datong, au Shanxi. Etonnament, pendant plus de 1500 ans, Datong va rester la ville principale pour la production de tuiles, vernissées ou pas. Elle est encore aujourd'hui la première ville productive de tuiles de Chine et l'un des plus grand centre industriel de la Chine moderne, avec entre autre la plus grande mine de charbon à ciel ouvert du monde!

Sous les Yuan, lors de la première construction du palais impérial, la demande est si forte que quatre fours sont construits dans les Collines de l'Ouest, ce massif légèrement montagneux situé à l'Ouest de Pékin (comme son nom l'indique).

Sous les Ming et les Qing, les tuiles de Datong envoyées à Pékin étaient livrées au quartier de Luilichang (l'actuel quartier des peintres et antiquaires) où se trouvait le premier atelier de finission des tuiles vernissées.

c- Les tuiles faîtières et les acrotères :

detail-tuile-faitiere-xian.jpgUne autre caractèristique du toit chinois est  la présence de ses tuiles faîtières. Leur présence est avérée dès l'époque des Royaumes Combattants et ne va pas énormément évoluer sur leur 2600 ans d'histoire.
Elles sont pour but de protéger le bâtiment. Techniquement, elles tiennent les tuiles des quatres pentes ensembles. Mais si l'on cherche plus loin, la croyance des esprits et autres démons de la Chine ancienne leur attribut le pouvoir d'agir contre les incendits. C'est la raison pour laquelle on leur a donné dès les Royaumes Combattants cette forme de monstre aquatiques qu'on peut encore leur deviner.
La queue relevée et une gueule hideuse, on pourrait penser à un monstre inspiré d'un dauphin comme dans les fontaines européennes, mais les chinois l'appellent "Chiwei", queue de Hibou.

Selon une légende, un mythique poisson de mer aux pouvoirs divins, ressemblant à un hibou, pouvait éteindre un incendit avec les flots qu'il soulevait. Supersticieux et craignant les esprits malvaillants, les anciens placèrent cet animal au deux extrémités du toit. Ce monstre marin sera remplacé sous les Qing par un dragon, d'aspect plus noble!

baiyunguan-detail-de-toiture-cloche-a-son-extremite.jpgAu 12eme siècle, le "Yingzaofashi" (le plus ancien traité d'architecture chinoise connu) relève l'existance de quelques 9 motifs d'animaux pour le faîtage. C'est ce qui préfigure l'arrivée, sous les Ming, de nouvelles tuiles faîtières, les "kuilongzi", placées sur les flancs du toit, souvent sur la partie relevée de l'avant-toit.

On trouve aussi des acrotères, pièces de terre cuite placées au bout d'une poutre pour la protéger de la pluie, à tête monstrueuse. Sous les Qing ces dernières prennent la forme d'un monstre aquatique à trompe, comme les têtes de goutières des tertres des palais et temples impériaux, sorte de dragon des eaux.


d- Les Kuilongzi :

Toiture-de-la-Cit---Interdite-pt.jpgToiture-temple-du-ciel-pt.jpg
A la Cité Interdite et au Temple du Ciel




baiyunguan-Detail-acrotere-et-tuiles-avec-caractere-fu-la-joie.jpgCe sont ces petits personnages et monstres que l'on voit avancer sur le rebord des avant-toits des temples et palais. Normalement, la présence en tête d'un cavalier monté sur un oiseau, appelé Prince Wang ou Immortel, désigne un bâtiment d'importance impériale. C'est ainsi, par exemple ,qu'on le trouve à la Cité Interdite, sur la muraille de Xi'an ou encore au Temple du Ciel à Pékin. Mais il est absent des avant-toits de la Pagode Cishou (où le remplace le mythique général gardien des temples bouddhistes en Chine).

N'oublions pas que le nombre de kuilongzi donne le rang du bâtiment, son importance.
A la Cité Interdite, sur les avant-toits des tour de guet on compte seulement 4 personnages (le prince sur son oiseau et trois animaux qui le suivent), alors que ceux de la Salle de l'Harmonie Suprême comptent 11 figurines de terre cuite (le prince et 10 animaux qui le suivent) et que ceux de la Porte de la l'Harmonie Surprême en possèdent 8 à chaque angle.

e- La prolifération ornementale :

Au delà des tuiles, des acrotères et des faîtières, on trouve toute sorte de décoration possible et inimaginable sur un toit chinois.
Vous l'avez peut-être déjà remarqué, les poutres apparentes sont souvent peintes dans les temples et palais les plus réputés. Colorés, bariolés, jusqu'au bout du plus petit chevron, tout est couvert! Qui plus est, chaque couleur à un code, un sens et une raison... souvent à des fins de protection contre la foudre, les incendies et autres tempêtes.

Mais dans quelques cas on trouve aussi des décors le long des arrêtes des toits, sculptées comme des frises. Je ne les classe pas en tuiles faîtières ni en acrotères, car on ne les trouve pas partout. Et le décor varie selon le lieu et l'époque.
En exemple je vous offre les plus beaux décors que j'ai pu croisé, à Xi'an :
sur le toit du temple au pied de la pagode de la grande oie
Xian-detail-sommet-toit.jpg
et sur celui de la grande mosquée
xian-detail-sommet-toit-mosquee.jpg

Conclusion :

Peut-être maintenant comprennez vous tout l'importance de parler de la toiture chinoise lorsque l'on évoque l'architecture de l'Empire du Milieu... Peut-être comprenez vous enfin la vraie raison du pourquoi il y a si peu de hauts bâtiments en Chine... du moins dans l'architecture traditionnelle.

Avec une ferme de comble aussi complexe, faite de multiples traverses les unes sur les autres posées en pyramide, avec les colonnes qui portent ces traverses, les consoles et encorebeillements, le poids de tout ce bois, en y ajoutant celui des tuiles, des acrotères, comment pouvait-on construire en toute sécurité un bâtiment large et haut?
Et reste le soucis du bois, où le trouver, son prix...
Si l'on considére tout cela, on devine aisément que pour des paysants il était bien plus simple de s'offrir une maison avec quatre poteaux, quatres pierres, un peu de pizé et un toit en chaume! Et à peine mieux pour les citadins qui n'étaient pas riches comme Crésus.

Peut-être comprenez vous encore mieux aussi d'où vient la déforestation de la Chine... La beauté a donc un prix!

Mes sources :
- La Chine de Michelle Pirazzoli, collection architecture universelle, Office du Livre, Fribourg, 1970.
- L'architecture antique chinoise, Département d'Architecture de l'Université de Qinghua, Guoji Shudian, Pékin 1985.

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19 juin 2007 2 19 /06 /juin /2007 10:23
Image Hosted by ImageShack.usEn réponse à la question posée, il y a des mois de cela, par Betty, amie blogueuse, voici un petit résumé des arts.

Certainement avez-vous déjà vu à la télé, au cirque d'hiver à Paris ou ailleurs, voir même en Chine. Le cirque de Pékin, de Dalian, de Shanghai ou encore de la grande école du cirque de Shenyang, passent presque tous les ans sur l'hexagone, s'invitent chez Disney ou à Las Vegas pour des Show, il devient presque impossible de ne pas connaitre le cirque chinois. Mais ceci n'est aujourd'hui que la partie extérieure de l'énorme Iceberg qu'est l'art du spectacle en Chine.

Toutes ces troupes forment la vitrine de l'art scénique chinois, un art ancien, modernisé par la volonté du gouvernement de Pékin, d'en faire un art représentatif du nouvel empire du milieu formé en 1949 ,et avec une certaine influence occidentale. Un art héritier directe des différents types d'Opéra que l'on trouve en Chine depuis les 16-17eme siècles.

Le cirque chinois, vous l'aurez certainement remarqué, se base principalement sur des numéros d'acrobatie, de contorsion, de jonglerie. En Chine, on dit que tous ces numéros découlent d'une tradition très lointaine remontant à plus de 2000 ans en arrière. Alors remontons à ces origines.

Tout d'abord, issue de la vie populaire des paysans, des soldats, elle s'inspire des gestes quotidiens des moissons, des fêtes (nouvel an, mariages, plantation du riz, moissons...), des combats. De ce fait, la plus part des objets utilisés en jonglerie sont des objets de la vie courante.

Sous la dynastie Han (206 avant J.C.-220 après J.C.), cela devint le métier de certains, pour divertir la cour et l'Empereur. De cette époque on retrouve sur les fresques, le mobilier ou les sculpture de certaines tombes le témoignage de  l'émancipation de cet art à part entière.

Image Hosted by ImageShack.usSous la dynastie des Song (entre 960 et 1279), un nouveau type de spectacle se développe. Il se situe dans la rue et vise principalement le petit peuple, il s'agit du Washe. Il serait véritablement un ancêtre du cirque comme nous l'imaginons : sous une tente, des artistes présentent un spectacle. Bien qu'il n'y avait pas vraiment de tente...
Le Washe qui se développe à partir du 10eme siècle en Chine est un regroupement de saltimbanques
que l'on croise dans les villes les plus animées de l'empire. Au coeur d'un cercle de tentures tendues en cercle, les gens du peuple peuvent assister à des numéros d'acrobatie, de jonglerie...
Avec les siècles, cet ancêtre du cirque va évoluer. Sous les deux dernières dynasties impériales (Ming et Qing), le Washe s'inspire de tout. Des pratiques des minorités ethniques de l'empire jusqu'aux Wushu, les arts guerriers, tout y passe. Il perd alors de sa finesse, venue de la raffinée dynastie Song, pour incorporer des numéros martiaux venus du Kungfu.

 C'est à la même époque (sous les Ming) que se développent soudainement d'autres arts scéniques. Influencées par le Washe, et en ajoutant une part de comédie, différentes formes d'Opéra se popularisent à travers l'empire chinois. Arts devenus plus que célèbres depuis. Ce sujet fera donc l'objet d'une seconde partie...L'opéra chinois!

Comme d'habitude, vos commentaires sont les bienvenus! ^__-

Note : les deux illustrations sont des papiers découpés, art populaire chinois qui sert souvent aux décorations du Nouvel An. Elles sont l'oeuvre d'artisants doués de leurs mains et ne se trouvent ici qu'en tant qu'illustrations, merci de ne pas les copier et/ou les reproduire.

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