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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 21:40
Pour renouer avec mes vieilles habitudes de vous faire découvrir les joies et plaisirs de la poésie chinoise, voici un petit poème de l'époque de la dynastie Tang.
Une fois n'est pas coutume, il ne s'agit pas d'une oeuvre de maître Li Bai.

Li Qi (李 頎)vècu durant la première moitié du VIII eme siècle (vers 690 jusqu'environ 651) et ne s'est rendu célèbre que pour quelques poèmes sur l'art militaire et la musique...
Fut-il lui-même militaire de carrière, sa biographie ne le dit pas, pourtant de nombreux poèmes de Li Qi évoquent la nostalgie du pays et la tristesse du guerrier qui voit le temps passer loin des siens. L'oeuvre qui suit en est un parfait exemple.



古 從 軍 行

白日登山望烽火,黃昏飲馬傍交河。
行人刁斗風沙暗,公主琵琶幽怨多。
野雲萬里無城郭,雨雪紛紛連大漠。
胡鴈哀鳴夜夜飛,胡兒眼淚雙雙落。
聞道玉門猶被遮,應將性命逐輕車。
年年戰骨埋荒外,空見蒲桃入漢家。

 

Traduction tirée de l'Anthologie de la poésie chinoise classique, sous la direction de Paul Demiéville.

Ballade Militaire à l'antique

De jour, nous montons sur les hauteurs pour guetter les fumées d'alarme;
Au crépuscule, nous abreuvons nos chevaux au bord de la rivière Jiao.
Quand passe la marmite des veilleurs, dans le vent, le sable et les ténèbres,
On entend la cithare de la princesse et ses sanglots lugubres.

A nos postes frontières, sur mille stades il n'est pas un rempart;
Pluie et neige mêlées emplissent le vaste désert.
Les oies sauvages et leurs appels plaintifs traversent toutes nos nuits;
Et des yeux de nos jeunes mercenaires barbares les pleurs tombent goutte à goutte.

Lorsqu'on vient nous dire que la Porte de Jade est encore assiégée,
Il faut risquer nos vies à la course des chariots légers.
Tous les ans, que d'or de guerriers sont enterrés dans le désert!
A quoi bon voir entrer en Chine les grappes de raisin?


Explications :
-les fumées d'alarme : l'irruption des ennemis aux frontières était signalée de proche en proche, la nuit par des feux, le jour par des fumées.
-la rivière Jiao : rivière située aux confins de l'Empire de Tang, aujourd'hui au Xinjiang, à l'ouest de Turfan (Turpan, ou Tulufan en chinois).
-les veilles de nuit : dans les camps militaires les veilles de nuit étaient annoncées par des coups frappés sur les mêmes vases de cuivre qui servaient à faire la cuisine.
-la cithare de la princesse : ici ce trouve une erreur du traducteur, le poème parle de pipa (un autre instrument à cordes chinois) sorte de guitare.Le pipa est un instrument au son plaintif qui évoque pour les chinois la tristesse de l'exile. L'alusion à la princesse remonte à l'époque Han, où une princesse de la famille impériale fut envoyée loin des siens pour être mariée à un prince barbare. Sur son cheval qui l'emmenait hors de Chine, elle composa un air sur son pipa...
-La porte de jade : il s'agit d'une garnison célèbre qui se trouvait au confins de l'actuel Gansu.
-les grappes de raisin : un des résultats de la conquête du Turkestan (actuels Gansu/Xinjiang) sous les Han fut l'entrée en Chine de la Vigne (de Turfan!!).


Une traduction en anglais est disponible sur le site de l'AFPC (association française des professeurs de chinois).

Toute autre traduction est possible et probable. La langue chinoise classique est simple et complexe à la fois de par sa sobriété grammaticale!


Have Fun!

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19 octobre 2008 7 19 /10 /octobre /2008 11:00
Paysage dans le Parc des Bambous pourpres, fin octobre à Pékin, 2005.


Poéme anonyme, traduction de Jacques Pimpaneau in "Lettre à une jeune fille qui voudrait partir en Chine".


Les chrysanthèmes embaument quand les arbres se fanent;
Au bord de la rivière je prend congès de vous.
Je le sais comme vous, les monts sont sans trésors;
Seul, je ferme ma porte au soleil qui se couche.


La pagode du temple Cishou fin octobre à Pékin, 2005.


Un petit poème de Du Mu, grand auteur classique chinois de la dynastie Tang.

山行

远上寒山石径斜,
白云生处有人家。
停车坐爱枫林晚,
霜叶红于二月花。

杜牧


Transcription pinyin :
Shan xing

Yuan shang han shan shi jing xie,
Bai yun sheng chu you ren jia.
Ting che zuo ai feng lin wan,
Shuang ye hong yu er yue hua.


Du Mu

Première traduction de François Cheng :

Promenade en montagne

Toujours plus loin, plus haut, sur la montagne  froide, sur le sentier pierreux...
Au plus épais des nuées blanches, surgit une maison.
Ma voiture à l'arrêt, je contemple, amoureux les bois d'érables à la brume :
Plus rouges, leurs feuilles givrées, que sont fleurs de mars!


Seconde traduction de François Cheng :

Voyage en montagne

Sentier pierreux serpentant dans la montagne froide.
Là où s'amassent les nuages blancs, une maison...
J'arrête le carosse et aspire la forêt d'érable au soir.
Feuilles givrées : plus rouges que les fleurs du printemps.

Le chinois classique est une langue subtile et ambigue, rarement très construite, qui permet de multiples traductions. Aucunes ne sont fausses, aucunes ne sont totalement justes... elles sont personnelles!
La poésie chinoise est comme un dessin dans les nuages, chacun y perçoit ce qu'il veut, selon sa sensibilité, sa personnalité...

Je vous laisse y percevoir ce que vous désirez! ^__-



Ce ne sont pas des photos de montagnes... mais des instants d'automne pékinois figés depuis 2005... ^__-

Bon dimanche et Have Fun!
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28 juin 2008 6 28 /06 /juin /2008 22:39
En cette douce soirée d'été, voici un nouveau petit poème chinois classique pour célébrer le beau temps.

Comme toujours, j'ai beau chercher les plus beaux vers parmis toutes mes anthologies de poésie chinoise, mon choix se fait inconsciement sur la dynastie des Tang.
Meng Haoren, 孟浩然, est un poète de cette glorieuse époque culturelle de l'Empire du Milieu. Contrairement à ses contemporains, il ne fut pas fonctionnaire mais un lettré solitaire perdu en sa campagne du Hubei.


Le poème qui suit est un court quatrain pentasyllabique (4 vers à 5 caractères) évoquant le Zhejiang, en particulier la petite ville de Jiande, sous la juridiction administrative de Hangzhou, où s'écoule la rivière Xinan.

Chinois :
宿建德江

移舟泊烟渚,日暮客愁新。

野旷天低树,江清月近人。




Pinyin :
su jian de jiang

yi zhou bo yan zhu , ri mu ke chou xin 。

ye kuang tian di shu , jiang qing yue jin ren 。


Traduction :
Une nuit sur la rivière à Jiande

Près de l'îlot brumeux, on met à l'ancre le bateau;
Au coucher du soleil, se renouvelle l'émoi du voyageur.

Immense est la campagne : le ciel s'abaisse vers les arbres;
Limpide est la rivière : la lune s'approche des hommes.


Traduction extraite de l'Anthologie de la Poésie Chinoise Classique dirigée par Paul Demiéville. Poème traduit par Tch'eng Ki-hien et correction de Jean-Pierre Diény.


Bonne soirée et Have fun!

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24 avril 2008 4 24 /04 /avril /2008 12:15
Il y avait longtemps, alors je prend le temps de parcourir mes bouquins et vous offrir un vieux poème chinois. Comme toujours, je tombe facilement sous le charme du pinceau des grands lettrés d'époque Tang.

Wang Bo (647 - 675), artiste précoce (bachelier à 9 ans!) à la verve critique qui lui vallu l'éxile dans son pays natal : Shu (actuel Sichuan), loin de  la capitale Chang'an (actuelle Xi'an).
Comme toujours, je vous offre la version originale, le pinyin et une traduction possible.


咏风

肃肃凉风生,加我林壑清。
驱烟寻涧户,卷雾出山楹。
去来固无迹,动息如有情。
日落山水静,为君起松声。


yong feng

su su liang feng sheng , jia wo lin he qing 。
qu yan xun jian hu , juan wu chu shan ying 。
qu lai gu wu ji , dong xi ru you qing 。
riluo shanshui jing , wei jun qi song sheng 。


Traduction de l'Anthologie de la poésie chinoise classique dirigée par Paul Dumiéville :

Le Vent

La brise susurre : il s'élève une fraîcheur,
Qui purifie pour moi les bois et les vallées.
Le vent balaie la brume et m'ouvre la porte de la gorge;
Il enroule le brouillard, et fait paraître des maisons sur les monts.

Il va et vient, mais sans laisser de trace,
Se lève et s'apaise, comme s'il avait des sentiments.
Le soleil tombe : la montagne et les eaux se calment...
Il fait naître pour nous une voix dans les pins.



Bonne fin de semaine et Have Fun! ^__-
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24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 08:30
Le poème qui suit est une oeuvre de Lin Pu (林逋), poète des débuts de la dynastie Song. Natif du Sud de la Chine, il passa sa vie en reclu, fuyant les honneurs et les gloires. Reconnu tout de même par l'empereur pour sa valeur littéraire, il accepta la pension que ce dernier lui offrit. 
Il est célèbre en Chine pour avoir vêcu sur l'île du lac de l'Ouest, à Hangzhou (pronvince du Zhejiang, au sud de Shanghai), magnifique lieu touristique réputé depuis plus de 1000 ans.
Bien que ne cherchant pas la reconnaissance éternelle des autres, on lui connait tout de même quelques 300 oeuvres, conservés par ses quelques amis. Son style est encore empreint de la même finesse que celles des auteurs de la dynastie Tang. On lui reconnait Jia Dao (賈島) et Yao He (姚合) des Tang comme maîtres spirituels. Tout comme eux, on nomme son style : poésie retenue (yinyi shifeng 隱逸詩風).


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山园小梅

林逋

众芳摇落独暄妍,
占尽风情向小园。
疏影横斜水清浅,
暗香浮动月黄昏。

霜禽欲下先偷眼,
粉蝶如知合断魂。
幸有微吟可相狎,
不须檀板共金樽。


Traduction de Madame Pénélope Bourgeois et relecture de Monsieur Max Kaltenmark pour l'édition d'"Anthologie de la Poésie Chinoise Classique", dirigée par Paul Demiéville.


Le petit prunier du Jardin de Montagne
de Lin Pu (Lin Pou)

Toutes les fleurs sont étiolées; lui seul, il resplendit,
Vainqueur de tout le petit monde du jardin.
Son ombre clairsemée zèbre une eau pure et peu profonde,
Son parfum flotte obscurément dans la soirée où se lève la lune.

L'oiseau aux ailes givrées, avant de se poser, le regarde à la dérobée;
Si le papillon poudré le savait, il serait jaloux.
Mais, par de subtiles chansons, l'oiseau sait faire sa coure :
Point n'a besoin de claquettes de santal ni de coupes d'or.



J'espère que ce petit intermède poétique vous aura plu. Le prunier, et sa fleur, est un puissant symbole dans la Chine Classique. Il représente, de par sa floraison primeur, le printemps renaissant qui, malgré les rrigueurs de l'hiver, réussit à percé la glace et recommencer le cycle de la vie. De part sa résistance au froid, au vent et à la neige, le prunier personnifie l'homme inflexible. Rouge, rose ou blanche, sa fleur, de par sa forme en étoile, est comparée à la craquelure de la glace sur le point de fondre...
Associé au pin et au bambou, le prunier chinois fait parti des trois amis de l'hiver. Par extention, sa fleur est souvent présente sur les cartes de voeux chinoises.
Avec la fleur de pêcher, il a aussi une certaine valeur érotique... L'un des romans lisencieux chinois les plus connus ne se nomme pas le "Jing Ping Mei" pour rien!! (Fleur de prunier en fiole d'or)

Si la littérature des Song vous interesse, je vous conseille ce site en anglais (allemand) et son article long mais particulièrement bien documenté.


Have Fun!!
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18 décembre 2007 2 18 /12 /décembre /2007 20:32
Voici un poème datant de la toute dernière dysnatie impériale en place en Chine, les Qing. Son auteur, Jiang Shiqian (蔣), vécu au milieu du XVIIIeme siècle et fut surtout connu comme historien. Il fut un éminent lettré qui eut la charge de la bibliothuèque impériale à la fin de sa vie. 

Le poème qui suit est écrit de 4 vers réguliers de 7 pieds. Malheureusement je n'ai pu trouvé la version originale ni la transcription pinyin, l'auteur semble assez peu connu de nos jours sur le net international! 
La traduction qui suit est de A. Tang, extraite de l'Anthologie de la Poésie Chinoise Classique
Il se trouve qu'actuellement, en cette période de fête pendant laquelle les villes, magasins, rues, maisons, sapins brillent de milles feux, le sujet est on ne peut plus d'actualité!! Pourtant c'est certainement pas d'un soir de Noël dont parlait le poéte chinois, encore aujourd'hui en Chine la fête est marquée commercialement plus que culturellement parlant.

suzhou.jpg

Les lumières de la ville au soir

Les feux de la ville, les lampes des bateaux brillent comme un essaim de lucioles;
Les nuages du soir déservent leur encre dans la nuit obscure.
Je me crois au plus haut des cieux,
Penchés pour voir parmi les hommes scintiller des rangées d'étoiles.



Have Fun et bonnes fêtes!!
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25 septembre 2007 2 25 /09 /septembre /2007 12:53
Lu You 陆游 est le plus célèbre des poètes de la dynastie Song. Né en 1125, il n'avait que deux ans lorsque l'Empereur Song fut chassé de sa capitale Kaifeng, dans la plaine nord du Fleuve Jaune, par l'ethnie Jurchen. Ces derniers prirent le Nord de l'Empire sous leur pouvoir et s'instalèrent sous le nom de dynastie Jin. Chassés au Sud, les Song devinrent les Song du Sud et installèrent leur nouvelle capitale à Hangzhou.

Dans sa jeunesse, Lu You fut donc élevé dans cette fièvre de reconquête vers le nord. A l'âge du sang chaud, il tenta sa chance dans l'armée impériale pour aider à son grand rêve, réunir l'Empire. Mais se révellant plus doué pour le pinceau que l'épée, il devint poète à la coure impériale. L'empereur lui offrit quelques postes de fonctionnaire, mais l'administration ne le charmait certainement pas autant que l'alcool et Lu You ne brilla pas en tant que haut fonctionnaire.

Mort en 1210, il ne connu pas la reconquête dont il rêvait tant et ne vit jamais les Neufs Provinces réunifiées. Mais avant de mourir, il écrivit ce dernier petit poème, comme une prière, une requête à son fils...

lu-you-po--te-song.jpgReprésentation de Lu You
 



示儿

死去原知万事空,
但悲不见九州同。
王师北定中原日,

家祭无忘告乃翁。



A mon fils

Après ma mort, je le sais bien, plus rien n'existera pour moi;
Mais qu'il m'est douloureux de n'avoir vu les Neuf Provinces réunifiées!
Le jour où les armées impériales, au Nord, auront pacifié la Plaine Centrale,
N'oublie pas, lors du sacrifice ancestral, d'en informer les mânes de ton père!



Notes :
Neuf Provinces : autre nom donné à l'Empire chinois, symboliquement, comme l'Empire du Milieu.
Plaine Centrale : la plaine du Fleuve Jaune, là où se trouve Kaifeng.
Sacrifice ancestral : en Chine on honore la mémoire des disparus, en particulier un fils pour son père et un chef de famille au fondateur de celle-ci. C'est une cérémonie où on offre nourriture, vin, argent et encens aux défunts pour qu'ils protègent les vivants et interfèrent en leur faveur auprés des Dieux. A cette occasion on leur présente aussi les nouvelles importantes comme les projets de mariage ou les naissances... Lu You demande donc à son fils de le prévenir, même mort, de la victoire!


Have Fun!


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23 septembre 2007 7 23 /09 /septembre /2007 17:05
Image Hosted by ImageShack.usVoici une courte oeuvre du poète chinois Yang Wanli (1124-1206), un des quatre grands maîtres de la dynastie Song, il écrit entre autre un commentaire réputé sur le livre des mutations (Yi Jing).

Natif du Jiangxi (Sud-Est de la Chine), il vêcu surtout à Hangzhou la fin de la dynastie des Song du Sud et devient fonctionnaire en 1154. Il fut entre autre "conservateur" de la Bibliothèque Impériale.


Je n'ai malheureusement pas retrouvé la version originale du poème heptasyllabique qui suit, ceci n'est qu'une traduction de Mme Bourgeois, issue de l'Anthologie de Monsieur Demiéville publiée aux éditions Gallimard.



La pluie sur le bananier (Ba Jiao Yü)


Que le bananier a de joie à recevoir la pluie!
Le bruit, toute la nuit, en fut clair et plaisant :
Tantôt sons menus d'une mouche heurtant une vitre de papier,
Tantôt fracas puissant de cascade dévalant les montagnes.


Au tintement limpide des gouttes espacées,
Toute autre rumeur s'est tue en ce calme soir d'Automne.
Le bananier est heureux, mais l'homme s'attriste : mieux lui plairait que le vent d'Ouest s'arrête
Et que cette pluie cesse.




Have Fun!
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24 juillet 2007 2 24 /07 /juillet /2007 13:11
Aujourd'hui, je vous propose un petit tour en montagne et en poésie...

Des montagnes, la Chine en est pleine! Certaines sont célèbres, d'autres moins... Certaines sont arpentées chaque année par des milliers de touristes (dont surtout des chinois!!) et d'autres oubliées...
C'est un peu le cas des Long Shan, les collines du Dragon, que je ne saurais placer avec exactitude tellement il m'a été presque impossible de les trouver sur internet sur des sites francophones ou anglophones...
Une chose est certaine, ce ne sont pas les Longshan de Taiwan, ni de Hong Kong ou du Jilin (au Nord de la Corée) dont je veux vous parler, mais celles qui se situeraient vers le Shaanxi ou le Shanxi, voir le Gansu...
Pendant longtemps, ces montagnes ont été considérées comme se trouvant aux confins de l'Empire chinois... Ce que chez nous, nous aurions appeler les Marches!

Célèbres chez certains poètes pour leur beauté et en particulier pour un fleuve qui serpente là et dont le son très étrange évoque une voix humaine...

Le Poème qui suit est uniquement en français, dans la version traduite par le collège de traducteurs réunis par Demieville, pour les éditions Gallimard. Il date du 18eme siècle, sous la dernière dynastie au pouvoir : les Qing et son auteur m'est inconnu... Un certain Tcheou Long-tsao

Je ne connais en pinyin que son titre : "Long shan shui"
Le titre français est  : Les eaux du Long t'eou (certainement "Longtou", la tête du dragon, la gueule du dragon...)

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Au loin, sur les flancs du Long-t’eou, s’allongent neuf lacets 
Je hâte ma voiture et m’apprête à passer, le cœur noyé de rêves. 
Soudain j’entends des eaux qui pleurent, à côté du chemin ;

On prétend que ces eaux murmures des adieux.

 

Ce sont des flots de sang, jaillis des yeux des voyageurs, 
Et pour l’éternité chargés de leurs sanglots,

 

D’un bruit de sanglots 
Qui coulent sans cesse 
D’un bruit de poulies 
Qui tournent sans fin. 
Lorsque sonne à minuit le pipeau frissonnant, 
Que de partout le vent des frontières se lève, 
Nulle tristesse n’est plus triste 
Que les eaux du Long-t’eou.


Petites précisions que j'ai oublié dans ma précipitation ce midi :
Le pipeau, dont parle l'auteur, est un instrument "barbare" fait une feuille de roseau roulée et utilisé par les peuples "non-Han", ces barbares des frontières nord et ouest de l'Empire chinois d'alors, les peuples des steppes. Il est célèbre chez les chinois pour la tristesse de sa mélodie... il est ici donc comparé au son triste de cette cascade.

Je fais aussi un appel, à mes visiteurs sinisants, si vous connaissez l'auteur, son nom en chinois (en caractères!, en pinyin...), que vous avez sous la main la version originale en chinois de ce poème... s'il vous plait, envoyez la moi!!! T___T

Have Fun tout de même ^__-


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19 juillet 2007 4 19 /07 /juillet /2007 20:30
Avant de passer à d'autres poésies chinoises classiques que celles des Tang, je vous propose le classique des classiques... Un long poème de 120 vers de 7 syllabes (7 caractères donc), soit  840 caractères! C'est l'un des plus longs poèmes chinois, mais pas encore le plus long!
Ce pendant, il sera certainement le plus long proposé ici, et dans un premier temps je pense surtout vous présenter le texte original et la traduction, le pinyin attendra un jour prochain.


Comme je l'ai déjà expliqué à une de mes visiteuses, la littérature chinoise est rarement gaie, surtout lorsqu'elle parle des affaires de coeur, et cette fois encore la mélancolie, la tristesse, le désarroi sont au rendez-vous. Le titre le dit clairement : "Le chant des regrets éternels".

Son auteur, Bai Ju-yi 白居易, ne connu pas Li Bai, Meng Hao-ran ni Du Fu, les grands poètes Tang, mais il vécu la génération suivante (772-846). Il est célèbre pour avoir préféré la poésie classique, plus sobre, plus simple, à celles de ses illustres prédécesseurs, et qu'il ne conservait que les poèmes que ses serviteurs comprenaient. Cette légende vient surtout du fait qu'il s'inspira essentiellement des chants populaires dans son oeuvre littéraire.

Pour le poème qui suit, l'histoire est inspirée d'un fait réel : la mort de la belle Yang, concubine impériale de l'empereur Xuan Zong des Tang, assassinée le 15 juillet 756 par les soldats de la garde impériale alors qu'ils fuyaient Chang'An (actuellement Xi'an) devant l'avancée des troupes du rebelles An Lu-Shan.
Pour les divers lieux qu'évoque le poème voici une brêve explication :
Yuyang : Lien d'où partit la rébellion d'An Lu-Shan
Emei shan : une montagne sacrée du centre de la Chine, au Sichuan actuel.
Shu : royaume du centre sud de la Chine, mythiquement célèbre entre autre dans l'Art de la Guerre de Sunzi.
Le relais de Mawei : à 50 km de Chang'An, le lieu exacte où Yang fut exécutée.
Xuan Zong : de son nom personnel Li Longji, régna de 712 à 756. Roi faible et manipulé, il se laissa entre autre dirigé par l'entourage de chère et tendre concubine, Yang Gufei (Gufei désignant sa position de première concubine).
Révolté de cela, le général An Lu Shan monta une rébellion. Il abdiqua pour laisser le trône à son fils Suzong. Exagérant les risques d'une invasion barbare, ce dernier réussit à se  faire confier une armée considérable, avec laquelle il marcha sur la capitale.
Cette période mit la Chine à feu et à sang. C'est lors d'une fuite que Xuanzong se retrouva être le triste témoin de l'assassinat de sa belle par sa propre garde personnelle mutinée.
Le coeur brisé, il abdiqua en l'honneur de son fils, Suzong, qui défit le rebelle.
L'histoire de Yang Gufei inspira aussi un film au grand réalisateur japonais Keiji Mizoguchi : "L'impératrice Yang Kwei Fei" en 1955, très librement adapté!!

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La Concubine Yang d'après le peintre Chen Hong Yuan

长恨歌 白居易
汉皇重色思倾国,
御宇多年求不得。
杨家有女初长成,
养在深闺人未识。
天生丽质难自弃,
一朝选在君王侧。
回眸一笑百媚生,
六宫粉黛无颜色。
春寒赐浴华清池,
温泉水滑洗凝脂。
侍儿扶起娇无力,
始是新承恩泽时。
云鬓花颜金步摇,
芙蓉帐暖度春宵。
春宵苦短日高起,
从此君王不早朝。
承欢侍宴无闲暇,
春从春游夜专夜。
后宫佳丽三千人,
三千宠爱在一身。
金屋妆成娇侍夜,
玉楼宴罢醉和春。
姊妹弟兄皆列土,
可怜光彩生门户。
遂令天下父母心,
不重生男重生女。
骊宫高处入青云,
仙乐风飘处处闻。
缓歌谩舞凝丝竹,
尽日君王看不足。
渔阳鼙鼓动地来,
惊破霓裳羽衣曲。
九重城阙烟尘生,
千乘万骑西南行。
翠华摇摇行复止,
西出都门百余里。
六军不发无奈何,
宛转蛾眉马前死。
花钿委地无人收,
翠翘金雀玉搔头。
君王掩面救不得,
回看血泪相和流。
黄埃散漫风萧索,
云栈萦纡登剑阁。
峨嵋山下少人行,
旌旗无光日色薄。
蜀江水碧蜀山青,
圣主朝朝暮暮情。
行宫见月伤心色,
夜雨闻铃肠断声。
天旋地转回龙驭,
到此踌躇不能去。
马嵬坡下泥土中,
不见玉颜空死处。
君臣相顾尽沾衣,
东望都门信马归。
归来池苑皆依旧,
太液芙蓉未央柳。
芙蓉如面柳如眉,
对此如何不泪垂。
春风桃李花开日,
秋雨梧桐叶落时。
西宫南内多秋草,
落叶满阶红不扫。
梨园弟子白发新,
椒房阿监青娥老。
夕殿萤飞思悄然,
孤灯挑尽未成眠。
迟迟钟鼓初长夜,
耿耿星河欲曙天。
鸳鸯瓦冷霜华重,
翡翠衾寒谁与共。
悠悠生死别经年,
魂魄不曾来入梦。
临邛道士鸿都客,
能以精诚致魂魄。
为感君王辗转思,
遂教方士殷勤觅。
排空驭气奔如电,
升天入地求之遍。
上穷碧落下黄泉,
两处茫茫皆不见。
忽闻海上有仙山,
山在虚无缥渺间。
楼阁玲珑五云起,
其中绰约多仙子。
中有一人字太真,
雪肤花貌参差是。
金阙西厢叩玉扃,
转教小玉报双成。
闻道汉家天子使,
九华帐里梦魂惊。
揽衣推枕起徘徊,
珠箔银屏迤逦开。
云鬓半偏新睡觉,
花冠不整下堂来。
风吹仙袂飘飘举,
犹似霓裳羽衣舞。
玉容寂寞泪阑干,
梨花一枝春带雨。
含情凝睇谢君王,
一别音容两渺茫。
昭阳殿里恩爱绝,
蓬莱宫中日月长。
回头下望人寰处,
不见长安见尘雾。
惟将旧物表深情,
钿合金钗寄将去。
钗留一股合一扇,
钗擘黄金合分钿。
但教心似金钿坚,
天上人间会相见。
临别殷勤重寄词,
词中有誓两心知。
七月七日长生殿,
夜半无人私语时。
在天愿作比翼鸟,
在地愿为连理枝。
天长地久有时尽,
此恨绵绵无绝期。
Traduction par Maurice Coyaud : 

Le chant des éternels regrets

L'empereur des Han, épris de plaisir sexuel
Fit chercher dans tout l'Empire bien des années une beauté, en vain.
Dans la famille Yang, une jeune fille devint nubile
Nourrie au fond du gynécée, à l'abri des regards
Céleste, superbe, difficile de la laisser à l'écart!
Un beau matin, elle est choisie pour vivre aux côtés du souverain.
Tournait-elle la tête, cents charmes naissaient d'un sourire
Dans les six palais, les têtes fardées perdaient leur éclat
Par un printemps froid, on la baigna dans l'étang Huaqing
Les eaux des sources chaudes glissèrent sur son corps
Les servantes la soutinrent toute belle et sans forces
Pour la première fois, elle reçut les immenses faveurs du souverain
Coiffure neigeuse, parures de fleurs et d'or, bougeaient quand elle marchait
Derrière les rideaux brodés d'hibiscus, tiédeur! Ils passent des nuits d'amour
Nuits d'amour, comme elles sont brèves! Le soleil est haut quand ils se lèvent
Dès lors, le souverain ne donne plus audience le matin
Faveurs accordées; elle sert au banquet du plaisir sans trêve
Ils font l'amour encore et encore toutes les nuits
Dans le gynécée du palais, vivent trois mille belles concubines
L'amour dû à ces trois mille, le souverain le reporte sur une seule
Dans la chambre ornée de dorures, elle se fait belle pour la nuit
Dans le pavillon de jade après le banquet, l'ivresse se joint au plaisir sexuel
Sœurs et frères ont tous reçu des postes et des terres
Bonheur et gloire vont à tout le clan
Alors dans le pays les pères et les mères
Cessent d'apprécier les fils, mais veulent des filles!
Le palais Li (Huaqing) accroche les nuages d'azur
Une musique d'immortels voltige, on l'entend partout
Chants languides, danses lentes, au son des cordes et des bois
Toute la sainte journée, le souverain ne se lasse pas de contempler sa dulcinée
A Yuyang soudain les tambours guerriers ébranlent le sol
Interrompent la mélodie intitulée "Robe d'arc-en-ciel, veste de plume"
Des neuf périmètres de murailles et de tours s'élèvent fumée et poussière
Avec mille chars et dix mille cavaliers l'empereur fuit vers le sud-ouest
Fanions azur au vent, le cortège tout à tour marche et s'arrête
Ils sont à un peu plus de cent li des portes quittées
Les six armées n'avancent plus ; que faire?
La femme gracile aux charmants sourcils est tuée devant les chevaux
Son diadème serti d'or jonche le sol ; personne ne le ramasse
Plumes de martins-pêcheurs, moineaux dorés, épingles de jade
L'Empereur se voila la face, n'ayant pu la sauver
Détournant le regard, il pleure des larmes de sang à flots
Un vent frais disperse la poussière jaune
Passerelles touchant les nuages, sentiers sinueux, le cortège escalade le col de l'Epée
Au pied du mont Emei, peu de passants
Les drapeaux sont ternis, le soleil brille à peine
Au pays de Shu, les rivières sont vert tendre, les montagnes bleues
Le souverain jour et nuit a des peines de cœur
Dans sa résidence d'étape, il regarde la lune, blessé par le désir d'amour
La nuit, entendant le son des clochettes dans la pluie, il a les entrailles déchirées
Le ciel tourne, la terre change, le char impérial revient
Parvenu à l'endroit, il hésite, ne peut plus s'en éloigner
Au pied du coteau Mawei, dans la boue
Il ne voit pas le visage de jade, l'endroit où elle périt est vide
Empereur et ministres se regardent, larmes de mouiller leurs habits
Ils vont vers la Porte Orientale, se fiant à leurs chevaux qui retournent
Ils retournent à l'étang, aux parcs, tout est comme avant
Hibiscus à Taiye, saule à Weiyang
Les hibiscus évoquent son visage, les saules ses sourcils
Devant ce spectacle, comment ne pas fondre en larmes?
A la brise du printemps les fleurs de pêcher et de prunier s'ouvraient au soleil
Cet automne, les feuilles de paulownia choient
Dans le palais de l'ouest et du sud, les feuilles jonchent le sol
Des feuilles mortes plein les marches rougies, non balayées!
Au jardin des poiriers, les jeunes disciples ont leurs cheveux blanchis
Dans la résidence des poivriers, eunuques et suivantes vieillissent
Au soir, dans le palais, lucioles de voltiger, souverain de penser à son amour
La lampe solitaire se consume, le prince ne s'endort toujours pas
Lentement cloches et gongs indiquent le début d'une longue nuit
Brillants étoiles et Voie lactée cèdent la place à l'aurore
Les tuiles imbriquées comme des canards mandarins sont givrées
Le prince a froid sous sa couette de martins-pêcheurs ; qui viendra la partager?
Voici déjà un an que le vivant et la morte sont séparés
Son âme n'est pas encore venue le visiter en rêve
De Linqiong, un prêtre taoïste arrive à la porte du palais
Il est capable d'atteindre les âmes de morts
Il ressent de la sympathie pour le chagrin sans fin de l'empereur
Alors, il s'efforce de tout son savoir, fait une investigation
Il traverse le ciel, chevauche les nuées, vif comme l'éclair
Il est monté au ciel, a pénétré sous terre, la cherchant partout
Il a grimpé au fond de l'azur, est tombé jusqu'aux Sources Jaunes
Des deux côtés, jusqu'au fin fond, il n'a rien trouvé
Soudain, il entend parler d'une montagne magique sur la mer
Sur cette montagne, sise dans un vide inaccessible
Sont bâtis des pavillons ciselés touchant les nuages multicolores
Y séjournent de superbes immortelles
Parmi elles, l'une s'appelle Taizhen (Très pure Essence)
Teint de neige, visage de fleur, serait-ce une erreur?
Il arrive au pavillon doré de l'ouest, frappe à la porte de jade
Ordonne à Petit Jade de l'annoncer à la suivante Shuang Cheng (Double Succès)
Apprenant que le taoïste est l'envoyé du fils du ciel
Sous les courtines aux neufs fleurs, l'âme surprise en son rêve
Ôte son vêtement, repousse l'oreiller, se lève, hésite
Puis, par les crochets d'argent soulevé, son rideau de perles s'ouvre
Les nuages de sa coiffure encore tout déviés par son récent sommeil
Son bonnet fleuri de travers, elle descend dans la salle
Au gré de la brise ondulant, ses manches de déesse flottent
Comme dans la danse des "Robes d'arc-en-ciel et manteaux de plumes"
Sur son pur visage attristé lentement des larmes coulent :
Un rameau de poirier fleuri au printemps, tout perlé de pluie
Contenant son émoi, avec un regard oblique et figé, elle rend grâce à son seigneur et maître
Depuis la séparation, son visage, sa voix, tout se perd dans le vague
Ferventes amours du palais Zhao Yang, la trame en est brisée
Dans les séjours enchantés de Penglai, jours et mois sont longs
Si le regard s'en détourne et s'abaisse vers le monde des humains
Il ne distingue pas Chang'An, la capitale, ne voit que poussière et brouillard
Que du moins ces reliques du passé témoignent d'un profond amour!
Ce drageoir incrusté de gemmes, cette épingle aux branches d'or, que le messager les emporte!
De l'épingle elle gardera une branche, du drageoir une partie
Rompant l'or pur de l'épingle, des incrustations divisent les figurent :
Si nos cœurs sont aussi constants que cet or et cette gemme
Dans les cieux ou chez les humains, nous nous reverrons.
Au mage qui repart, elle confie encore anxieuse ce message
Rappel d'un serment qu'eux deux s'étaient fait en secret :
Le 7 du septième mois, dans le palais de l'éternelle vie
Quand vers minuit, sans témoins, s'échangeaient les propos d'amour :
Faisons vœu d'être au ciel deux oiseaux au vol inséparable
Et sur terre un couple végétal à un seul feuillage
Le ciel et la terre dureront longtemps, mais un jour ils finiront
Ce regret, sans cesse, se perpétuera.


Vous pouvez aussi trouver sur le site de l'association française des professeurs de chinois le texte en chinois traditionnel et une traduction en anglais! ^__-

Have Fun!


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